Un modèle coopératif et ambitieux : la norme de demain - Groupe P&V (groupepv.coop)

Un modèle coopératif et ambitieux : la norme de demain
Le 2 octobre, la Belgique coopérative s'est retrouvée au bâtiment Flagey à Bruxelles pour le Coopday. C’est à l'occasion de l'Année internationale des coopératives, que Febecoop (le centre de connaissances et de conseil pour l'entrepreneuriat coopératif en Belgique) et les coopératives Multipharma, Smart et le Groupe P&V ont organisé cette journée d'étude et d'inspiration.
Parmi les quelque 400 participants, on a dénombré des représentants de coopératives de Flandre, de Bruxelles et de Wallonie, désireux de développer davantage leur coopérative, ainsi que des entrepreneurs « classiques » intéressés par le modèle coopératif, et des chercheurs universitaires, des étudiants et des politiciens.
Plus pertinent que jamais
Hilde Vernaillen, CEO du Groupe P&V et président de Febecoop, a inauguré la journée par un appel à la transition coopérative.
“Aujourd'hui, les initiatives coopératives se concentrent sur des défis cruciaux tels que l'accès à un logement décent, à une alimentation saine, à une énergie propre et à une information de qualité. Si nous voulons un monde meilleur et la garantie d’une société pacifiée pour les générations futures, nos coopératives doivent s’imposer dans de nouveaux domaines de l'économie et s’aventurer vers de nouvelles activités d’entreprise. Ce qui est une alternative aujourd'hui doit être la norme demain », déclare Hilde Vernaillen.
Elle nous a appelés à être ambitieux et à nous inspirer mutuellement tout au long de cette journée.
Un secteur de taille modeste, mais aux répercussions importantes
C’est ensuite, Frédéric Dufays de l'Université de Liège, qui nous a fait un état des lieux du “businessmodel” coopératif en Belgique.
Notre pays compte à ce jour 1.700 entreprises coopératives, dont 622 reconnues par le Conseil National des Coopératives. 49 % des coopératives sont situées en Wallonie, 34 % en Flandre et 16 % à Bruxelles. Bien qu'elles ne représentent que 0,14 % de l'ensemble des entreprises de notre pays, les coopératives contribuent à hauteur de 1,1 % au PIB belge et représentent 1,5 % du volume de l'emploi. Rien qu'en 2023, les coopératives ont réalisé ensemble un chiffre d'affaires de 29 milliards d'euros.
Pour que le modèle coopératif prenne de l’ampleur, Frédéric Dufays a lancé un appel aux coopératives présentes : « La thématique est reprise dans les activités des chercheurs, mais il est difficile de trouver des données sur les coopératives. Ces données, vous, entrepreneurs coopératifs, vous les détenez. Alors participez autant que possible à ces études. C’est ainsi que nous pourrons donner davantage de visibilité au secteur coopératif en Belgique, et accroître son influence. Imaginez si demain 1 % et non 0,14 %, de toutes les entreprises était des coopératives, les retombées positives augmenteraient de façon exponentielle, sur l'économie, l'emploi et la cohésion sociale.”
Finlande et Espagne, des exemples inspirants
Au cours du Coopday, les participants ont pu s'inspirer notamment de deux cas venus de l’étranger.
Perttu Puro a décrit la situation chez lui, en Finlande, parfois désignée comme étant le pays le plus coopératif du monde. On y recense en effet 3.300 coopératives, 90 % des Finlandais sont membres d'une coopérative, et 5,5 % y sont professionnellement actifs. De grandes coopératives se retrouvent dans le secteur financier, le commerce de détail et la transformation de la viande, du lait et du bois.
Perttu Puro est CEO de Tradeka, une coopérative finlandaise fondée en 1917, qui fut, à une époque la deuxième plus grande chaîne de vente de détail en Finlande. En 2006, elle a vendu l'activité de détail et a poursuivi en tant que société d'investissement. Elle investit dans des entreprises finlandaises de divers domaines, tels que restaurants, boutiques, soins à domicile, inspection automobile, auto-écoles, …. en particulier les secteurs à facteur de travail élevé et à faibles marges. Elle crée des synergies entre ces entreprises et leur donne le temps de se développer. C’est plus que ce qu’elles retireraient d'un investisseur en capital privé. Tradeka est riche de 200.000 membres qui peuvent compter sur des réductions et participer au processus de prise de décision en votant. 10 % des bénéfices sont investis dans des projets sociaux, et les membres ont également une voix dans le choix de ceux-ci.
Victor Meseguer a quant à lui expliqué l'écosystème coopératif florissant en Catalogne. La première coopérative a été créée en 1843 dans cette région qui a une longue tradition d'entrepreneuriat coopératif et où le secteur n’a jamais été en meilleure santé. La Catalogne compte 4.770 coopératives actives, dont un tiers a été créé au cours des 10 dernières années. Les deux tiers sont des coopératives de travailleurs, ces derniers étant propriétaires de leur entreprise. 45 % des Catalans sont membres d'une coopérative.
La coopérative dont Victor Meseguer est directeur général adjoint, est Abacus, fondée en 1968 par un groupe d'éducateurs, pour rendre accessible aux écoles et aux familles du matériel scolaire de qualité, à prix abordable. Aujourd'hui, elle dispose d'un réseau de 44 librairies et d'une boutique en ligne, pour une part de marché de 20 % dans le livre et de 30 % en papeterie. Elle emploie plus de 800 personnes et compte plus d'un million de consommateurs membres. Les coopérateurs sont à la fois des salariés du groupe et des consommateurs.
En plus des librairies, elle propose toujours du matériel éducatif, des formations et des services aux écoles et aux bibliothèques. Et elle s'est récemment lancée dans la production de contenus audiovisuels culturels.
Victor Meseguer: “Si la coopérative est peut-être la meilleure idée de l'histoire, c'est aussi le modèle du futur : une économie au service de l’humain, qui crée de la valeur et qui reste régionale. Mais ce modèle d’avenir, nous ne le vendons pas assez bien. Nous devons être inventifs pour raconter et partager notre histoire, et Abacus veut y contribuer. Cela passe par la collaboration entre coopératives et la créativité.”
Panels régionaux et workshops interactifs
Après ces interventions, se sont tens de panels, au cours desquelles des représentants d’entités économiques publiques ont débattu des opportunités et des défis des coopératives dans leurs régions respectives, et ont répondu aux questions et suggestions du public. Pour la Flandre, il s'agissait de Kenneth Vanhecke de la société d'investissement PMV; pour la Wallonie, de Sébastien Durieux de Wallonie Entreprendre et pour Bruxelles, de Pierre Hermant de finance&invest.brussels.
L'après-midi a été consacrée à divers workshops. Les participants y ont échangé leurs points de vue sur les phases importantes de la vie d'une coopérative : de la constitution, au financement, en passant par les possibilités de croissance et les moyens pour permettre aux coopérateurs de participer, jusqu'aux situations où des entreprises “classiques” peuvent se transformer en coopératives, entre autres lorsque celui qui a créé l'entreprise, souhaite la transmettre à ses travailleurs.
Penser à demain
L’après-midi s'est clôturée par une séance de brainstorming sur l'avenir des coopératives, avec Hakima Darhmouch, dans le rôle de modérateur face aux membres du panel : Olivier De Cock (Starterslabo), Virginie Dewulf (OCA – Odoo Community Association), Philippe Hébert (Hellow), Flora Kocovski (W.Alter), Bram Leroux (Wooncoop) et Isabelle Philippe (SFPIM).
Les conseils qui ont émergé de cet exercice portaient aussi principalement sur la collaboration :
Faites des alliances avec d'autres coopératives et partenaires qui peuvent vous aider à réaliser vos ambitions. Pensez en termes d'écosystèmes : travaillez avec d'autres coopératives de votre chaîne de valeur et examinez aussi les collaborations possibles entre les écosystèmes.
Pensez également aux collaborations dans le domaine du financement. Les coopératives peuvent soumettre des projets ensemble afin de profiter d’opportunités de financement plus importantes que si elles tentaient d’y accéder individuellement.
Partagez les connaissances entre vous et recherchez des collaborations avec des partenaires pour accroître le savoir sur le modèle coopératif.
Mesurez l'impact que vous générez sur le terrain et faites-le savoir à l’extérieur. De cette façon, vous pouvez également convaincre les pouvoir publics de votre importance.
Soyez vous-mêmes. Toutes les coopératives n'ont pas l'ambition de se développer, car cela affecterait leur spécificité. Leur ambition est de rendre leur modèle reproductible par d'autres coopératives et ainsi de remplir leur mission.
Les participants ont pu ensuite mettre en pratique la collaboration, via un circuit coopératif où une vingtaine de coopératives ont présenté leur fonctionnement.
Conclusion
Par leurs caractéristiques solidaires et démocratiques, les coopératives sont plus pertinentes aujourd'hui que jamais. Elles ne représentent pas seulement un modèle alternatif, elles sont un modèle du futur. Il incombe à chacun – politique, entrepreneur, chercheur et citoyen – de faire de cette vision d’avenir une réalité.
7 octobre 2025